Yvan Sinotte a été journaliste en Estrie, en Gaspésie, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à Québec, dans l’Outaouais et à Montréal. Il a œuvré dans le milieu municipal, en culture, en consommation, ainsi qu’en politique provinciale et fédérale.
Il a ensuite été conseiller à la Fédération nationale des communications (FNC), affiliée à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), puis conseiller et directeur général du Syndicat des communications de Radio-Canada affilie à la FNC et à la CSN.
Il a quitté cette fédération pour intégrer le service d’information de la CSN dont il a été directeur. Il a pris sa retraite en 2007 pour poursuivre ses activités en journalisme auprès du Soleil de la Floride, de Radio Floride, de Golf Québec-Floride et du magazine Carrefour Floride jusqu’à sa retraite en décembre 2022.
Ce n’est pas un guide de la Floride. D’ailleurs, c’est l’auteur du livre Yvan Sinotte qui le dit dans les premières pages. Ce n’est pas non plus un livre d’histoire sur la Floride. Ce n’est pas un fourre-tout d’aubaines et de trucs pour se débrouiller dans l’état du soleil. Ce n’est pas un guide, ce n’est pas un livre d’histoire, ce n’est pas un livre de trucs mais c’est tout ça et plus.
Le livre d’Yvan Sinotte respire la Floride. Il respire son histoire. Il respire ses plages, il respire ses centres commerciaux, ses restaurants, ses autochtones, il respire ses parcs de maisons mobiles et ses communautés privées et protégées.
En fait, Sinotte raconte la Floride. Comme elle est. Comme la voient tous ces Québécois qui l’habitent six mois par année ou les vacanciers à la semaine. Sinotte est tout partout. L’arrivée des Walmart, les soins de la santé, retour sur la pandémie et l’hiver raté par les Québécois privés de leur Floride.
Ce livre n’est pas un guide, écrit Sinotte. Moi, je vous dis que c’est beaucoup plus qu’un guide. En plus, le passé de journaliste de l’auteur lui a donné un style simple, facile à lire et concis.’
En fait, c’est un livre utile qui se lit dans le plaisir.
On peut commencer par les services de santé, passer par la I 95, finir avec les casinos et les centres commerciaux, visiter Dania ou West Palm Beach, c’est un livre à découvrir selon les intérêts ou les besoins.
Chapitre 1
"Ce terme de snowbird, pour désigner des personnes, remonte au début du 20e siècle, selon le dictionnaire Merriam- Webster. Il qualifie d’abord des volontaires qui s’enrôlent dans les forces armées américaines en automne afin d’être logés et nourris pendant les mois d’hiver. Ces soldats de fortune désertent au cours du printemps suivant.
Dans les années 1930, l’expression est accolée aux travailleurs du nord, dont des Québécois, venus travailler en Floride sur le chantier de la canalisation parallèle à l’océan qui portera le nom d’Intracoastal. Cet ouvrage fait partie du plan"
Chapitre 7
"Les vacanciers de la fin des années 1970, d’une année à l’autre, prolongent leur séjour en Floride avant de finalement devenir propriétaires. Cette présence d’une population francophone plus nombreuse et plus stable tout au long de la saison hivernale encourage l’implantation de services médicaux leur étant destinés.
Dr François Bourque ouvre sa clinique C.L.S.C. à Hallandale Beach en 1979 (il en ouvrira une deuxième à Coconut Creek, puis une autre plus tard à Boca Raton). L’année suivante, Dr Andrew Stachewitsch et son épouse Monique Têtu, infirmière, quittent Montréal et ouvrent à North Miami une clinique médicale dédiée à la clientèle de langue française. La STAT Medical Clinic (du latin statim qui signifie immédiatement) est toujours présente, mais est maintenant située à Hallandale Beach."
Chapitre 11
"Le Miami Herald à Doral, le Sun Sentinel à Fort Lauderdale et le Palm Beach Post à Palm Beach sont les trois quotidiens publiés dans le sud-est de la Floride.
Propriété de McClatchy Company (29 quotidiens dans 14 états), le Miami Herald était situé au centre-ville de Miami, sur Biscayne Bay. La firme malaisienne Genting Casinos a acquis l’emplacement en 2014 pour une somme de 236 millions de dollars dans le but d’ériger un complexe hôtelier doté d’un casino, ce qui a provoqué le déménagement du journal à Doral à l’ouest de la ville. Depuis 2019, le journal n’est imprimé que six jours par semaine, l’édition du samedi n’étant offerte qu’en format numérique, car aux États-Unis, l’édition principale de la semaine paraît le dimanche et non le samedi comme c’est le cas au Canada. El Nuevo Herald est son édition espagnole. En janvier 2021, la direction a fermé son imprimerie et, depuis, le journal est imprimé et expédié à partir de l’imprimerie du Sun Sentinel à Deerfield Beach dans le comté de Broward. Le quotidien, en 2021, enregistrait un tirage papier de 75 000 exemplaires en semaine et de 100 000 le dimanche."
Chapitre 14
"La Floride, profite d’un climat où chaleur et humidité dominent, ce qui en fait un endroit propice à l’entretien de jardins luxuriants.
Jardins et thé - C’est le cas du musée et des jardins Morikami de Delray Beach. Une communauté japonaise, identifiée sous le nom de Yamato, est établie en Floride depuis le début du 20e siècle. C’est en 1970 qu’un riche Japonais du nom de Morikami cède un terrain en vue de l’aménagement d’un musée et de jardins, afin de souligner le passage de sa communauté Yamato, nom également donné à une artère située à proximité, dans ce secteur du comté de Palm Beach. La promenade à travers l’immense collection de bonsaïs peut être suivie d’une cérémonie du thé dans la plus pure tradition du pays du soleil levant."
Chapitre 16
"Mon premier contact avec la Floride remonte au début des années 1980, alors que j’étais invité par le ministère du Tourisme de l’état : court séjour dans le comté de Broward, croisière-éclair à Nassau aux Bahamas et salon commercial et touristique à Orlando (Florida Huddle). Une visite des parcs thématiques de l’époque était aussi au menu : Magic Kingdom et un Epcot tout neuf avec la présence de Bocuse dans son restaurant Monsieur Paul, bien sûr situé dans la section consacrée à la France. Plaisirs du palais garantis. Cette visite ranimait dans ma mémoire les souvenirs de l’Expo 67 et son magnifique pavillon de la France maintes fois visité.
Je renoue ensuite en faisant le parcours du Québec vers la Floride en auto, avec la famille, à la fin des années 1980. Pour ce premier voyage terrestre, une généreuse tempête de neige a couvert le sud de la Caroline du Nord et a sévi jusqu’à Jacksonville en Floride. Grâce aux pneus d’hiver de ma voiture, j’effectue le trajet sur l’accotement de la I-95 jusqu’à la sortie menant à St. Marys, en Georgie, où une chambre est disponible. Le lendemain, l’entrée en Floride s’exécute par la route A1A via Amelia Island, dans le comté de Nassau, afin de contourner le pont de Jacksonville, fermé à la circulation et converti en glissade pour traîneaux et toboggans pour le plus grand bonheur des ados. La destination est encore, cette fois-ci, Orlando et ses parcs thématiques puis, plus loin, Tampa Bay et, pourquoi pas, la côte du Golfe du Mexique jusqu’à Sanibel Island."
Chapitre 20
"Dans les années 1980, la cohorte touristique québécoise recherche des hôtels et motels à coût abordable à proximité des plages. Voilà ce qui guide les Québécois vers Hollywood et Sunny Isles, suivis, notamment, des premiers investisseurs du Québec qui acquièrent des établissements hôteliers et offrent des services en français. Cette initiative fait l’affaire des Québécois qui maîtrisent plutôt moyennement la langue anglaise.
Un bon exemple est celui de Richard Clavet, arrivé en Floride de son Témiscouata natal au milieu de cette décennie de 1980 pour travailler dans des motels d’Hollywood. Il économise soigneusement chaque sou afin d’amasser un pécule suffisant pour faire une offre d’achat sur un établissement avec son beau-père (l’époux de sa mère). Le rêve se réalise donc, mais cette acquisition n’est qu’un début et, aujourd’hui, Richard Clavet est propriétaire d’une dizaine de motels et hôtels à Hollywood."
Chapitre 23
"Les investisseurs québécois se sont activés en Floride, dans les années 1980-1990, dans le domaine résidentiel d’abord, et industriel ensuite.
Des dizaines de millions de dollars dans Sunny Isles - Il était inévitable que Sunny Isles, où séjourne, d’une année à l’autre, une importante cohorte québécoise, soit le théâtre d’un ensemble résidentiel majeur. À partir de 1990, Robert Morin et Marc Demers, de la firme Sherbrooke Admestrie, Gaston Tardif, de Gestion Habitat de Victoriaville, Paul Gobeil, comptable et ex-ministre libéral, et Lauris Boulanger de Lac-Mégantic inves- tissent 30 millions de dollars pour ériger les complexes de condos Montcalm, Laurier, Maisonneuve, Frontenac et Saint- Laurent le long de l’Intracoastal. Ils ont également, toujours dans Sunny Isles, converti les 225 unités des Weston Towers en condos, construit le Florida Ocean Club, un édifice de 11 étages, de même que le Bellevue doté de 49 appartements."
Chapitre 25
"Les Québécois et autres Canadiens francophones constituent, dans les années 1990, une masse critique suffisante pour intéresser les succursales de banques américaines des environs d’Hollywood. AmeriFirst embauche du personnel francophone qui promeut l’ouverture de comptes snowbirds sans frais de service pendant les mois d’absence de la Floride, assortis de cartes de crédit Visa ou Master Card, et une carte de débit utilisée sans frais dans les guichets AmeriFirst, Honor et Presto (Publix).
La Banque Royale (RBC) a des succursales en Floride dès le début des années 1980, puis se retire de l’état en 1987, pour y revenir plus tard."
Chapitre 29
"Le tennis et le golf occupent une place de choix dans les activités physiques. La plupart des municipalités et complexes domiciliaires offrent des terrains de tennis avec accès gratuits pour leurs résidents. Certains complexes résidentiels ont comme pivot un ou des parcours de golf, et la présence de centres communautaires, avec ou sans terrain de golf, permet d’aménager des centres d’entraînement et des salles de billard, de ping-pong ou de dards.
CanAm Golf - L’engouement des snowbirds pour le golf est indéniable. Tellement que les amateurs recherchent des parcours offrant des tarifs préférentiels à l’intention des groupes souhaitant jouer régulièrement. En 1988, flairant la bonne affaire, Harmel Goulet, originaire de la Beauce, met sur pied CanAm Golf avec son ami Gilles Marinier. Les initiateurs de CanAm Golf et leur entourage immédiat recensent les parcours prêts à offrir des tarifs abordables et enregistrent les noms des personnes à la recherche de ces terrains à bon prix. Le tout fonctionne sur une base artisanale jusqu’à l’arrivée de la fille de M. Goulet, Marie- Josée, et de son conjoint Charles Bourque. Ce dernier, adminis- trateur de carrière, professionnalise les opérations de CanAm Golf, informatise le système de réservation et de recensement des parcours pour harmoniser l’offre à la demande et étend ses activités jusqu’au Québec et à l’Ontario. Il éditera même, pendant un certain temps, une publication spécialisée dans le domaine, Golf Floride Québec. Depuis quelques années, CanAm Golf élargit ses activités à la vente de billets d’événements sportifs, visant plus particulièrement les parties de hockey des Canadiens de Montréal lors de leur visite en Floride pour affronter les Panthers à l’aréna de Sunrise."
Chapitre 31
"Avec les années 1980, la population grandissante des snowbirds francophones dans le sud de la Floride rend plus difficile l’offre de services par le bouche-à-oreille. La mise en place de médias locaux servira de points de contact entre les résidents saisonniers et vacanciers et les entrepreneurs qui offrent divers services : santé, immobilier, enregistrement de propriété, droit, climatisation, entretien paysager, mécanique automobile, hôtellerie, restauration, et bien d’autres.
Radio Floride - Gérald Edwards publie un mensuel de belle facture dès la fin des années 1970 qu’il laisse aller pour consacrer plus d’énergie à sa carte d’assurance voyage, Passeport Médic. En 1984, il fonde Radio Floride qui restera en ondes pendant plus de 35 ans. Son émission quotidienne est d’abord présentée en après-midi : Coucher de soleil est diffusée de 16 à 17 heures. Après quelques saisons, Gérald Edwards se rend compte que les habitudes de son auditoire changent et que celui-ci préfère entendre l’émission avant d’entreprendre ses activités matinales : golf, tennis, natation, pétanque, palets et tutti quanti. Radio Floride opte donc pour une émission matinale diffusée de 7 à 8 heures. La programmation de Radio Floride comprend un bulletin de nouvelles provenant de la station de Cogeco à Montréal, le 98,5 FM, complété par une intervention du regretté Jean Lapierre avec l’animateur Paul Arcand ; sur le plan local, une revue de presse et une chronique touristique floridienne accompagnent des entrevues avec des intervenants du milieu. Quincy Auguste, d’origine haïtienne, a son public dans la diaspora locale et collabore régulièrement à cette programmation. La radio a cessé ses opérations au milieu des années 2010, l’auditoire ayant beaucoup décru avec l’accès facile à Internet permettant désormais l’écoute en direct des stations québécoises."
Chapitre 34
"Nombre de Canadiens se rendent en Floride en vue d’effectuer une croisière. Les saisonniers, eux, s’évadent une semaine ou deux, pendant leur séjour, sur ces luxueux paquebots.
Les croisières ont défrayé les manchettes au tout début de la crise pandémique. Le paquebot Diamond Princess, avec 3700 passagers à son bord, a été immobilisé au large de Yokohama, au Japon, en février 2020. Les passagers sont demeurés cloîtrés dans leur cabine jusqu’à ce que les autorités sanitaires japonaises les accueillent et isolent les malades dans un centre hospitalier pour les traiter."
Chapitre 41
"L’image de la Floride projetée au Québec est souvent déformée par le prisme des préjugés qui ne disparaissent pas. Ainsi en est-il de l’histoire de ce professeur trifluvien photo- graphié, au début des années 1990, sur la plage d’Hollywood portant un maillot de bain de marque Speedo un peu trop ajusté pour sa taille pourvue d’un abdomen un brin proéminent. La photo, prise par un photographe du quotidien Sun Sentinel de Fort Lauderdale, a fait le tour du monde (ou presque), accolant aux Québécois séjournant en Floride l’image du personnage bedonnant, dépourvu de classe, qui cale sa bière en attrapant un coup de soleil sur la plage.
C’est le magazine SX, une filiale du Sun Sentinel, qui a moussé la campagne de dénigrement visant le tourisme québécois. La charge a atteint un tel sommet en janvier 1993, que la mairesse d’Hollywood et des groupes de commerçants de diverses communautés (juive, latino et noire) ont commencé à dénoncer ces reportages vexatoires et à assurer les Québécois qu’ils appréciaient leur présence, comme l’a rapporté Éric Trottier de La Presse. Le Sun Sentinel a laissé tomber cet hebdo- madaire peu après."
© 2024 Yvan Sinotte